Je ne vais pas ici faire l’inventaire des caractéristiques d’un enfant ou d’un vieillard ainsi que les stades de développement (voir Piaget), mais plutôt m’interroger ce qu’est un enfant, un adulte, dans une perspective thérapeutique.
J’ai commencé mon travail de psychologue avec des personnes âgées pour le finir avec les enfants et je n’ai pas trouvé de différences fondamentales entre ces personnes qu’on pourrait penser, à priori très différentes. En effet tous sont des êtres humains marqués par l’importance de la relation à l’autre et dépendants de moyens de communication, comment s’exprimer, se faire comprendre.
Dans mon expérience les différences sont surtout interindividuelles et le plus souvent il y a plus de différences entre tel enfant et telle personne âgée qu’à l’intérieur du groupe des « enfants » et des « personnes âgées ».
Ces différences tiennent aux effets de contexte de la rencontre, songez à une expertise d’enfant dont les parents ont porté plainte pour agression sexuelle et à une expertise d’enfant pour le Juge des enfants afin de décider ou non d’un placement.
On trouve aussi des styles relationnels différents, reflet de personnalité mais aussi de différences d’appréhension du monde variées, en lien avec les dispositions sensorielles voir instinctuelles.
A ce point on peut parler d’une construction de l’autre dans la rencontre et probablement qu’une autre rencontre donnerait une construction différente de celui-ci. Je ne veux pas nier qu’il y ait des caractéristiques communes à des groupes différenciés comme « les enfants », « les adultes », mais souligner la normativité et donc la relativité de cette approche.
Il est intéressant de constater l’évolution de la notion de « l’adolescent ». Ce concept n’existait pas il y a encore deux siècles et l’on passait presque directement de l’enfant à l’adulte, en travaillant le plus souvent, le véritable passage à un autre état étant l’accès à la parentalité et cela est encore le cas dans notre de pays du Tiers Monde.
L’intervalle d’âge de l’adolescence fait toujours l’objet de débats. Ainsi l’état du cerveau plaide pour une certaine immaturité jusqu’à plus de 25 ans ce qui a d’ailleurs amené les psychiatres canadiens à conseiller au gouvernement de ne pas autoriser la vente du cannabis avant cet âge.
Pourtant beaucoup des adolescents d’Afrique ou d’Asie (hors pays développés) sont considérés comme de « petits adultes », effectivement sans leurs droits mais avec déjà leurs devoirs, ce qui est adapté aux structures sociales existantes.
Qu’est-ce qu’un enfant ? La convention internationale des droits de l’enfant, signée par plus d’une centaine de pays, dont la France mais pas les USA, défini un enfant comme « tout être humain de moins de 18 ans ou non majeur » si la majorité est plus tôt. Dans son préambule il est précisé que les enfants doivent être protégés de façon particulière en raison de leur immaturité et de leur vulnérabilité.
Un enfant serait donc un être en manque de maturité d’où l’idée de « psychologie du développement », l’enfant devant au fur et à mesure du développement, gagner des compétences comme un arbre se développe.
Cette image est intéressante mais incomplète car l’enfant que la personne a été, continue d’une certaine façon à exister chez l’adulte et pas seulement sous la forme des souvenirs d’enfance mais aussi de caractéristiques enfantines positives comme négatives. On peut penser qu’il en est ainsi à tous les âges.