Je me suis appuyé sur trois ouvrages : L’esprit et la voie par Ajahn SUMEIDO Sully édition, En route vers l’éveil par Ringou Tulkou Rinpoché The book edition, les huit marches vers le bonheur par le Vénérable Gunatarana, Marabout poche.
Il s’agit du premier enseignement du Bouddha (Samyutta Nikaya) donné à Sarnath au parc aux gazelles près de Benarès en Inde, 49 jours après l’Eveil devant 5 auditeurs, ses anciens compagnons ascètes.
Chaque vérité est répétée trois fois, sous la forme d’un constat, d’une pratique et d’une réalisation : pour la première des vérités, « il y a la souffrance en ce monde et il faut la comprendre, elle a été comprise ». Le commentaire de Rinpoché précise qu’en fait « il n’y a rien à comprendre. La réalisation de ces vérités, c’est-à-dire l’Eveil amenant au-delà de la réalité relative du Samsara et du Nirvana dans la réalité absolue l’union des deux ».
Souvent on dit que le Bouddhiste ne fait que parler de souffrance. Le Bouddha dont l’un des noms est « le grand médecin » fait un diagnostic avec une étiologie et donne un traitement pour guérir c’est-à-dire se libérer de la souffrance. Cette enseignement inspire également notre bonté envers nous-même et les autres, réalisant la souffrance dans ce monde, notre cœur peut s’attendrir.
Les quatre vérités sont : la vérité de la souffrance, la vérité de la cause de la souffrance, la vérité de la cessation et la vérité du chemin.
La vérité sur l’origine de la souffrance
La soif peut aussi être nommé désir-attachement ou saisie, c’est une quête sans fin d’objet de satisfaction et de distraction tout en écartant tout ce qui peut nous causer du déplaisir. Les trois poisons mentaux sont à l’œuvre : l’ignorance du processus lui-même, le désir attachement pour ce que l’on aime et l’aversion rejet pour ce que nous n’aimons pas.
Il ne s’agit pas de faire du Bouddhisme une ascèse, une religion nihiliste qui renonce au plaisir. Celui-ci existe naturellement, c’est la saisie qui constitue l’origine de la souffrance par la projection d’un moi, avec « les miens et les non miens » qui se renforcent constamment.
La vérité sur la cessation de la souffrance
Ce qui doit être rejeté est la saisie, la convoitise qui fait s’attacher à ce qui procure du plaisir et rejeter ce qui ne nous plait pas. Nous devons par une contemplation, une observation minutieuse et patiente de notre existence, réaliser vraiment cette ignorance de la nature des phénomènes tels qu’ils sont, impermanents et conditionnés.
S’apercevoir combien nous abordons les phénomènes à partir de pré jugements, les nommant, les catégorisant en « agréable, désagréable, neutre », nous permet d’ouvrir notre regard pour voir « ce qui est comme il est ». C’est le propos de la méditation, de l’éthique et de la sagesse que nous allons voir maintenant.
La vérité du chemin
Il s’agit du chemin vers l’Eveil dans la voie graduelle, progressive, qui est adaptée à la plupart des pratiquants. Certains pratiquants extrêmement déterminés pouvant réaliser rapidement l’Eveil, à l’exemple de Milarepa.
L’octuple noble sentier est comme une roue avec trois grands axes : la sagesse (Prajna), l’éthique (Sila) et la méditation (Bhavana) nous permettant d’avancer sur un mode que l’on peut visualiser comme une spirale, revenant sans cesse à ces points. Rinpoché nomme ces trois axes : la vue juste, l’action juste et la méditation juste
La sagesse ou la vue juste comprend la compréhension juste et la pensée juste (ou encore aspiration juste). En effet nos problèmes, notre insatisfaction provient d’une vue erronée des choses. Toutefois cette compréhension n’est pas uniquement intellectuelle mais doit venir in fine de notre expérience, aidée de l’étude, la réflexion et la méditation dans un contexte favorable procuré par l’action juste et les moyens d’existence juste. Cette vue est nommée par Rinpoché, « interdépendance ou vacuité ». La pensée juste est importante car nos actes sont produits par nos pensées. Ainsi par exemple le jugement c’est agréable peut nous amener à acheter ceci ou cela rapidement ou à garder tel objet que l’autre convoite aussi. Il s’agit donc d’agir sur nos habitudes, de lâcher prise, de devenir généreux, de relâcher la peur et les émotions perturbatrices et d’aspirer de tout notre être à l’Eveil.
L’éthique comprend : la parole juste, l’action juste et les moyens d’existence juste.
Le Vénérable Gunatarana propose le « test de la parole juste » : est ce vrai, est ce aimable, est ce bienfaisant, est ce à l’inverse blessant, est ce opportun ? L’action juste renvoie aux cinq préceptes fondamentaux du Bouddhisme, s’abstenir de tuer, de voler, de paroles, d’inconduite sexuelle et de prise de toxiques. Cela pourrait faire l’objet d’un enseignement tant cela peut être approfondi à l’image des cinq entrainements à la pleine conscience du Vénérable Thich Nhat Hanh. Les moyens d’existence juste nous questionnent sur les conséquences de nos actes « professionnels » : sont-ils nuisibles à soi et à autrui, nous aident-ils ou non à calmer notre esprit ?
La méditation comprend l’effort juste, l’attention juste et la concentration juste. L’effort juste « consiste à contrôler nos actions et à orienter notre énergie dans la bonne direction », en ce sens il va de pair avec l’action juste comme avec l’attention juste. L’effort et l’attention juste impliquent vigilance et capacité à ramener son esprit dans le présent. Cela vaut pour la pratique formelle méditative et encore plus pour la vie quotidienne. La concentration juste s’entraine au travers de Shiné et Lhaktong, méditation du calme mental et de la vue pénétrante. Il s’agit de mettre en œuvre sans cesse les consignes éclairées et détaillées, données par les instructeurs et les Maitres. La pratique quotidienne permet insensiblement d’avancer dans ce Noble chemin, chacune des parties de la roue de la clarté soutenant l’autre.
