Définitions & Objets
- La Psychologie Cognitive est une branche de la psychologie qui cherche à comprendre les processus cognitifs (mécanismes mentaux) nécessaires pour réaliser de nombreuses activités intellectuelles (ou cognitives étymologiquement de cogito c’est-à-dire connaitre) comme la perception, la mémoire, la résolution de problème, le langage…
Elle appartient aux sciences cognitives qui s’occupent de comprendre la structure et le fonctionnement de l’esprit naturel ou artificiel. Elles rassemblent psychologie, philosophie, intelligence artificielle, anthropologie, linguistique et neurosciences.
Les neurosciences relient le fonctionnement de l’esprit au support anatomique et biologique cérébrale. On parle aussi de neuropsychologie comme discipline qui intervient pour étudier et remédier aux pathologies cognitives (comme la dyslexie) en rapport avec le cerveau.
- Objet : Tout cela sert aussi à aborder des problèmes complexes comme la conscience et les expériences de l’esprit (le sentiment du beau, le surnaturel, les NDE…). On trouve des applications concrètes notamment en médecine, par rapport au coma ou encore aux troubles neurologiques et à leur remédiation (rôle de la neuropsychologie).Elle a une démarche scientifique : mettre en évidence des phénomènes observables, décrire leurs caractéristiques et les expliquer par une théorie qui n’est pas définitive mais se transforme au fil des recherches. Elle nous apprend aussi que la réalité des phénomènes n’est observable que par une représentation qui se construit à partir des connaissances du phénomène : quelles sont les sensations qu’il produit, est-il connu, quelle émotion me donne- t-il?
- Thématiques du cours : Nous allons maintenant dérouler rapidement quelques thématiques importantes de ce domaine en lien avec la pratique soignante et en particulier infirmière.
La logique est d’aller du « plus simple au plus complexe ». Ainsi nous commencerons à nous intéresser aux sensations, perceptions et à l’attention qui sont en lien avec notre relation à l’environnement (interne celui de notre corps et externe).
La question du schéma et de l’image du corps est directement en lien avec ce premier thème. Puis nous étudierons comment notre esprit traitent toutes ces informations puis comment il est affecté en étudiant les émotions.
Mais que faisons-nous de toutes ces informations ? La question de la mémoire est également très importante à considérer. En lien avec celle-ci se trouve celle de l’intelligence puis de la communication et du langage puisque nous sommes des êtres sociaux. Nous terminerons par la conscience qui est le phénomène sans doute le plus intéressant, mais aussi le plus difficile.
Données neuropsychologiques de base (voir atlas neuroanatomique Sylvius et livre Neurosciences de Purves)
Trois cerveaux en un : On peut, en simplifiant, indiquer qu’il existe 3 cerveau en un. De la surface à la profondeur, on trouve respectivement : le cerveau cortical, le cerveau émotionnel (ou limbique), le cerveau instinctif (ou reptilien). Ces trois cerveaux sont en interaction, notamment dans les processus cognitifs complexes comme le langage ou encore les émotions. La mode est également de considérer notre intestin comme un troisième (on fusionne le deuxième et le troisième) ou un quatrième cerveau car il y a environ 150000 neurones (cellules cérébrales spécialisées) et que l’on trouve la circulation d’un neuro transmetteur, la sérotonine qui est très importante dans le cerveau.
Les principales localisation cérébrales anatomiques sont les suivantes : frontale et occipitale (devant et en arrière), temporale (sur les côtés) et pariétale (sur le dessus). Il existe également un hémisphère droit et un hémisphère gauche reliés à l’intérieur par le corps calleux
Localisations et carte neuronale : Historiquement on a pensé les fonctions psychiques en rapport à des localisations cérébrales spécialisées (aire du langage, de l’audition par exemple). Cette vision est aujourd’hui un peu dépassée et l’on modélise le fonctionnement psychique en terme de processus, de carte neuronale, même s’il existe près de 150 aires spécialisées. La forme même des neurones, souvent très longs, montre l’importance de la circulation des informations.
Neurogénèse : On a longtemps pensé que le nombre de neurones était fixé à l’âge adulte et qu’ils « mouraient » en nombre dès lors. On s’aperçoit aujourd’hui que les neurones vivent, meurent, se recréer continuellement (c’est la neurogénèse). De même certaines lésions cérébrales sont « récupérables » grâce à la capacité du cerveau d’utiliser de nouvelles « voies cérébrales », c’est « la neuroplasticité ». Ce terme comprend aussi les effets de l’apprentissage tout au long de notre vie sur notre cerveau comme apprendre un instrument de musique, une langue notamment à idéogrammes, à piloter un parapente
Puissance et complexité du cerveau : On estime le nombre de neurones à 100 milliards avec, ce qui est plus important encore, 10 000 connexions (synapses) pour chacun d’entre eux. Cela fait donc un total de connexions estimé à un million de milliards. On appelle cet ensemble « le connectome ». La circulation de l’information se fait par de façon électro-chimique à la vitesse de 120 m/s soit 430 km/h.
Recherche sur le cerveau : les moyens technologiques permettent maintenant d’avancer plus vite vers la connaissance du cerveau (imagerie, modélisation). On pourra bientôt stimuler les neurones un par et pas seulement par groupe. Cela ouvre à des interventions thérapeutiques comme la SMT (stimulation magnétique transcrânienne) et aux ICO (interface cerveau ordinateur) qui permettent des implants profonds pour permettre de voir, d’entendre, de marcher à des personnes handicapées. C’est aussi toutes les attentes de « l’homme augmenté » et l’idéologie du « transhumanisme ».
Les Sensations & les Perceptions
- Préambule : Ces deux notions sont très liées et souvent prises l’une pour l’autre. En fait dans une première approche, les sensations renvoient plutôt aux processus biologiques liés aux stimuli sensoriels et les perceptions à la représentation de ces données.
- Les sensations sont souvent classées suivant trois catégories : extéroception, interoception et proprioception.
- L’extéroception tient au fonctionnement des cinq sens : vision, audition, olfaction, gustation et somesthésie (sensibilité cutanée et sensibilité musculaire)
- La proprioception est le domaine des sensations musculaires de posture, mouvement et déplacement en lien avec des stimuli mécaniques comme par exemple des vibrations ou encore des tensions liées à une posture d’extension pour attraper un objet en hauteur.
- L’intéroception renvoie elle à des stimuli mécaniques comme la température ou la pression (il peut être inconscient ou conscient comme dans la douleur) et à des stimuli chimiques tels que le taux de glucose ou d’oxygène (c’est donc un processus inconscient).
- L’extéroception tient au fonctionnement des cinq sens : vision, audition, olfaction, gustation et somesthésie (sensibilité cutanée et sensibilité musculaire)
- La perception se définit comme le recueil et le traitement de l’information sensorielle. Du point de vue de la psychologie cognitive c’est la réaction à ces stimuli externes du système nerveux et aussi des opérations cognitives de représentation notamment.
- Ainsi Goethe affirmait : « nous ne voyons que ce que nous savons ». De même les illusions sensorielles notamment optiques viennent limiter l’effet d’objectivation que l’on pourrait avoir d’un modèle trop linéaire : un individu équipé de capteurs sensoriels prend des informations de l’environnement. Il voit la table qui est devant lui.
- Mais que se passe-t-il s’il n’a jamais vu de table ? ou encore s’il est motivé par le besoin de fuir ou de se nourrir, dans tous ces cas là va-t-il véritablement voir la table. Du strict point de vue biophysique il va avoir une sensation visuelle, extéroceptive d’un objet constitué d’éléments.
- La perception va, suivant son contexte immédiat et lointain, attirer son attention sur l’objet en le reconnaissant (c’est une table) et en l’investissant éventuellement de quelque chose de plus par exemple s’il aime le bois et que c’est une table en chêne ou encore s’il a travaillé chez Ikea et qu’il reconnait un produit de la marque.
- On pourrait reprendre les catégories de sensations (visuelles, auditives…) du côté des perceptions en y ajoutant la reconnaissance qui est un travail cognitif d’interprétation. Ainsi à partir de quelques détails, l’esprit catégorise et nomme, le meilleur exemple en est la reconnaissance des visages avec plusieurs bifurcations connu/inconnu, menaçant/attirant/neutre.
- Les effets de contexte sont ici parfois trompeurs : aller reconnaitre dans un concert le dentiste que vous n’avez vu qu’en blouse et dans son cabinet.
On peut aussi évoquer les sensations visuelles subliminales c’est-à-dire trop brèves pour être perçues ce qui veut dire ici reconnues. On ajoute parfois à ces perceptions sensorielles, les perceptions du temps (exemple la durée) et de l’espace (par exemple la localisation). - La perception de la réalité apparait de plus en plus comme une illusion au sens où il n’y a pas d’objectivité car ce que voit une mouche ou un singe lequel des deux est le plus réel. De plus comme le constate les constructivistes, y a-t-il vraiment une telle indépendance entre ce qui voit et ce qui est vu et c’est là qu’intervient de que l’on appelle la théorie du « traitement de l’information ».
- Ainsi Goethe affirmait : « nous ne voyons que ce que nous savons ». De même les illusions sensorielles notamment optiques viennent limiter l’effet d’objectivation que l’on pourrait avoir d’un modèle trop linéaire : un individu équipé de capteurs sensoriels prend des informations de l’environnement. Il voit la table qui est devant lui.
L'Attention
- Définition du Professeur de psychologie Patricia Tassi ( Université de Strasbourg) : « processus au cours duquel nous traitons activement une quantité limitée d’informations extraites de la quantité énorme d’informations disponibles en provenance du monde extérieur, via nos sens et des souvenirs stockés en mémoire à long terme ».
C’est la faculté de l’esprit de se consacrer à un objet et on a longtemps estimé que l’on ne peut pas prêter attention à plus d’un objet à la fois. On parle aussi de ressources attentionnelles et il semble que nous ne soyons pas égaux par rapport à cette capacité, de toute façon assez limitée. Une pathologie de l’enfant s’appelle TDAH (trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité) et concerne des enfants qui ne parviennent pas à fixer leur attention.- Intensité et sélectivité : Les processus attentionnels sont automatisés (inconscients) et conscients. Ces notions s’intègrent dans la théorie générale du traitement de l’information que nous verrons plus loin.
L’attention participe à une fonction générale de l’esprit et même du corps, le contrôle, par le biais de deux aspects, l’intensité et la sélectivité. - L’intensité se rapporte à la faculté de l’esprit de participer à cette fonction de contrôle de l’environnement par un état attentionnel spécifique, l’alerte. Cet état est coûteux et ne peut se maintenir que pendant un temps assez court (quinze minutes). Par contre la vigilance ou encore l’attention soutenue interviennent sur des durées plus longues comme par exemple la durée d’un cours ou d’un match de handball.
- La sélectivité correspond à l’intérêt de sélectionner un élément d’un stimulus complexe afin de le traiter de façon approfondie. Ainsi dans un groupe que le sujet rencontre, la sélectivité rentre en jeu dans le processus de reconnaissance (catégorisation entre connu et non connu) à partir d’un élément sonore (la voix) ou encore visuel (le visage).
Cette sélectivité est liée aussi comme nous le verrons à la motivation c’est-à-dire à la recherche dans l’environnement d’éléments attirants ou repoussants. Elle permet aussi une efficience cognitive en limitant dans l’espace perceptif les informations signifiantes pour le sujet (attention sélective).
- Intensité et sélectivité : Les processus attentionnels sont automatisés (inconscients) et conscients. Ces notions s’intègrent dans la théorie générale du traitement de l’information que nous verrons plus loin.
- Facilitation et inhibition, attention partagée et attention double
L’attention fonctionne sur un axe double, facilitation/inhibition. Il s’agit de faciliter le traitement de l’information sélectionnée et d’inhiber les facteurs de distraction.- L’attention partagée permet de traiter plusieurs catégories d’informations pertinentes ensemble. Ainsi dans la lecture, l’attention au déchiffrement et celle à la compréhension sont à l’œuvre en même temps même si la compréhension se fait avec un lexique simplifié et catégorisé comme dans l’aide logicielle à la rédaction de message sur smartphone. Si on écrit « rapi », « rapide » est proposé.
- L’attention double est utilisée dans plusieurs psychothérapies comme l’hypnothérapie et l’EMDR pour parler de la capacité des sujets de se situer à la fois dans le présent et dans le passé dans le cas d’un traumatisme.
- L’attention partagée permet de traiter plusieurs catégories d’informations pertinentes ensemble. Ainsi dans la lecture, l’attention au déchiffrement et celle à la compréhension sont à l’œuvre en même temps même si la compréhension se fait avec un lexique simplifié et catégorisé comme dans l’aide logicielle à la rédaction de message sur smartphone. Si on écrit « rapi », « rapide » est proposé.
Le Schéma & l'Image du Corps
- Préambule : Là aussi les deux mots sont un peu proches et souvent utilisés l’un pour l’autre.
Le schéma corporel a pour origine la neurologie, notre cerveau aurait un modèle interne des parties du corps ce qui lui permettrait de le situer dans l’espace, de le sentir (on retrouve la proprioception) et donc au final de se mouvoir avec efficacité. - Le schéma corporel se met en place de façon intégrative au cours du développement de l’enfant. Ainsi le bébé ne se perçoit pas comme une totalité mais il est d’abord une « main-bébé » ou une « bouche-bébé ou plus exactement une « bouche-sein-bébé ». Progressivement et à l’aide des interactions il apprend le monde, l’autre ce qui le mène finalement à soi par exemple en pouvant reconnaitre son image. Cela est une caractéristique d’animal évolué puisque seuls les éléphants, quelques grands singes et les dauphins reconnaitraient leur reflet, ce n’est pas le cas des chiens par exemple.
Cette notion est à l’œuvre quand nous avons une prothèse que ce soit une simple dent sur pivot ou une prothèse complète de la hanche en titane. Songeons aussi à ce que l’on appelle « la douleur du membre fantôme » qui affecte les personnes ayant perdu un membre ou un œil. - Le terme d’image du corps est « « polysémique » (=relevant de plusieurs sens) renvoyant pour les psychomotriciens, pour les ergothérapeutes et pour les psychanalystes à des réalités diverses. Leur point commun est la présence au monde, à l’autre et à la société. L’image du corps renvoie donc à l’estime de soi, au désir. Ainsi se percevoir comme beau, ne peut être possible que si je vis cela dans le regard de l’autre.
Les Émotions
- Définition : voici la définition du Professeur Cottraux : « Réponse comportementale et physiologique brève et intense qui reflète et/ou révèle le vécu subjectif de celui qui est affecté par un évènement interne ou externe ».
Cela renvoie à l’affectivité, c’est à dire ce qui nous touche (nous affecte) et ce qui nous fait bouger (e movere)
Les émotions sont déjà des états physico chimiques du corps.
Ainsi la colère modifie la couleur de la peau du visage qui devient souvent rouge (vaso dilatation) ou parfois blanche (vaso-restriction), la FC et la FR augmente par l’action d’un neurotransmetteur, lui-même activé par un système spécifique, le sympathique. On voit donc que l’émotion impacte le corps, le perturbe et le prépare à l’action (d’abord les registres de base : fuite agression ou soumission). C’est un phénomène bref qui se distingue du sentiment et de l’humeur.
« L’évaluation consciente (par les pensées) d’une émotion la transforme en sentiment » (Professeur Antonio Damasio). Il y a donc un lien entre émotion et cognition, même s’il s’agit de systèmes cérébraux distincts. Pour Beck, « l’émotion est la voie royale vers la cognition ».
- L’habituation : L’émotion appelle une régulation qui est automatique, c’est l’habituation, ainsi une exposition à une situation qui génère de la peur fait baisser celui-ci naturellement (propriété du système nerveux). Cette régulation emprunte les voies physiologiques (parasympathique).
- La régulation est aussi cognitive notamment quand l’humeur est désagréable, il y a une recherche de sortir de l’état de tristesse avec des images ressources, un dialogue interne, c’est là-dessus que thérapeutes travaillent.
- Les émotions peuvent être mal régulées, elles conduisent par effet cumulatif à des transformations pouvant aller jusqu’à l’anatomique exemple de la réduction du volume de l’hippocampe chez les enfants maltraités chroniquement.
- Dans la dépression qui dure, les neurotransmetteurs sont affectés et nécessitent outre une psychothérapie, des traitements médicamenteux comme les antidépresseurs ISRS (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine).
- Les émotions de base : Les psychologues ont du mal à se mettre d’accord sur les émotions, combien y en-a-t-il, quelles sont-elles. Un certain consensus parle de six émotions primaires (voir Ekman) : joie, peur, colère, surprise, tristesse et dégoût. Elles seraient déjà présentes chez les bébés de six mois alors que des émotions secondaires comme la jalousie ou la culpabilité apparaissent plus tard.
- Les émotions seraient des programmes neuro-moteurs innés liés aux nécessités adaptatives, par exemple la colère dans une situation d’insécurité comme la concurrence pour un bien. Mais les choses apparaissent comme plus complexes puisque certaines recherches montrent que des odeurs désagréables pour les adultes peuvent générer des réactions de dégoût mais aussi des sourires.
- L’imprégnation des bébés par le biais de la « fusion avec la mère » semble expliquer cela, ainsi les bébés nés de mère qui avait consommé des produits anisés durant les 10 derniers jours de la grossesse produisaient des mimiques de succion, alors que la plupart des autres bébés exprimaient le dégoût.
- De même l’universalité des émotions primaires est actuellement remise en cause, néanmoins il y a bien un accord dans la reconnaissance des expressions faciales correspondant aux six émotions mentionnées (accord plus fort au sein d’une même culture).
- La fonction des émotions
La fonction principale est l’adaptation par :
– L’augmentation de l’attention à un phénomène
– L’alerte de la conscience
– La potentialisation de la mémorisation - L’intelligence émotionnelle : On parle depuis quelques années d’intelligence émotionnelle à coté de l’intelligence cognitive (celle du QI). En effet les émotions servent à l’action et sont donc parties prenantes dans la prise de décision, on considère d’ailleurs que la rationalité ne prend pas une part prépondérante dans ces prises de décisions et que l’émotion joue même parfois un rôle majeur.
De plus il est important de comprendre ses émotions, quelle en sont les causes, ce qui renvoie à nos besoins. Ainsi par exemple si je me mets en colère après ma femme, n’est-ce pas parce qu’elle ne fait pas attention à moi (besoin de reconnaissance). Si je suis triste et que je pleure sans raison apparente, c’est très inconfortable, et là c’est utile d’aller voir un psy.
- L’expression et la régulation des émotions : On a souvent dit qu’il fallait exprimer ses émotions, ce qui est relativement nouveau et propre non seulement à notre époque mais aussi à notre culture.
Il existe beaucoup d’interdits implicites d’expression des émotions dans les cultures des peuples premiers et cela passe souvent par le fait de ne pas se regarder dans les yeux.
- En tout cas dans notre société l’expression des émotions, notamment par la parole, permet souvent une amélioration de la communication, c’est ce que l’on constate par exemple dans les couples avec la colère d’un des partenaires, liée à une émotion de jalousie.
- Néanmoins exprimer ses émotions et par exemple la colère, nécessite de savoir les réguler car les émotions négatives peuvent aussi enclencher des spirales négatives avec une humeur négative et des actes ayant des conséquences négatives (frapper sa femme sous l’emprise de la colère).
- Il existe beaucoup de méthodes de régulation des émotions et la plupart sont pratiquées par nous-mêmes de façon naturelle, comme la réévalutation cognitive qui est de comprendre que la plupart des émotions négatives ne sont pas causées véritablement par une situation mais par l’évaluation que nous en faisons. C’est très intéressant dans les émotions qui sont liées aux rapports à autrui, car souvent l’émotion que nous ressentons dans une relation est liée à une attribution de pensée de l’autre qui n’est pas juste (tel supérieur hiérarchique me méprise alors qu’il n’a simplement pas de temps).
- Les émotions peuvent être utilisées dans les relations et c’est ce que nous faisons dans l’éducation des enfants, se mettre en colère car l’enfant n’écoute rien, le complimenter avec joie car il a une bonne note.
- Les émotions peuvent se dérégler et c’est ce que nous verrons dans l’étude des pathologies mentales comme par exemple les troubles bipolaires qui se présentent en gros comme une alternance d’état de tristesse et d’euphorie.
- L’expression et la régulation des émotions : On a souvent dit qu’il fallait exprimer ses émotions, ce qui est relativement nouveau et propre non seulement à notre époque mais aussi à notre culture.
Le Traitement de l'Information
- Préambule : A chaque seconde nous pouvons avoir accès à des milliers d’informations internes (provenant de notre corps comme la sensation des battements du cœur…) ou externes (comme la perception d’un visage connu dans une foule…).
Il est bien évident qu’il faut un système de régulation car sinon nous serions submergés et désorganisés dans notre action. - L’intentionnalité des comportements : Il faut déjà camper le « décor » : l’homme est un animal dans un milieu avec d’autres organismes vivants. Comme eux il est soumis à un double impératif :
- La sécurité, il s’agit de savoir si la situation est dangereuse et d’activer si nécessaire les mécanismes de survie qui se résument à trois attitudes, la fuite, l’agression et la soumission. Le choix de l’une ou de l’autre dépend du contexte interne et externe de l’individu.
- La perpétuation : l’individu comme le groupe et l’espèce doivent se maintenir et se développer, cela passe par la recherche de source de nourriture et de reproduction.
Il y a bien une intentionnalité dans les comportements.
- La sécurité, il s’agit de savoir si la situation est dangereuse et d’activer si nécessaire les mécanismes de survie qui se résument à trois attitudes, la fuite, l’agression et la soumission. Le choix de l’une ou de l’autre dépend du contexte interne et externe de l’individu.
- L’importance de la représentation des situations :
- Il va donc y avoir dans un champ perceptif immense, une émergence de données d’information comme la présence d’une personne inquiétante (par son comportement), la présence d’une source d’attrait (un beau garçon…).
- Vous voyez donc qu’il y a une sélection inconsciente très rapide dans la masse d’informations disponibles. Ce tri passe par le biais de l’attention, on parle d’ailleurs d’attention sélective, et aussi par la motivation qui est activé par les besoins issus eux mêmes des pulsions (manger, copuler, dormir..).
Cette attention sélective va conduire vite à une représentation de la situation, en gros : neutre, attirante et aversive.
- Il va donc y avoir dans un champ perceptif immense, une émergence de données d’information comme la présence d’une personne inquiétante (par son comportement), la présence d’une source d’attrait (un beau garçon…).
- La subjectivité des représentations : Cette représentation repose aussi sur des filtres comme les stéréotypes, les valeurs de chaque personne. Ainsi par exemple quelqu’un qui est raciste peut se sentir facilement menacé dans un lieu où il y a un grand nombre de personnes noires, maghrébines ou blanches !
- Les stéréotypes sociaux agissent aussi comme des simplificateurs comme catégoriser les phénomènes et faciliter la représentation, exemple du stéréotype social d’aller plus facilement vers quelqu’un de souriant plutôt que vers une personne à expression neutre.
- Le traitement de l’information privilégie la rapidité et l’économie de moyens c’est pourquoi il utilise des voies connues. Ainsi les situations sont ramenées, de façon probabilistes, à des répertoires d’expériences déjà empruntés et mémorisés.
- Les situations nouvelles posent alors problème :
- Les stéréotypes sociaux agissent aussi comme des simplificateurs comme catégoriser les phénomènes et faciliter la représentation, exemple du stéréotype social d’aller plus facilement vers quelqu’un de souriant plutôt que vers une personne à expression neutre.
- Dans ce cas soit elles sont rapportable à du déjà vu mais c’est une approximation
- Quand ce n’est pas possible, comme dans l’exemple du traumatisme, c’est la panique car c’est intraitable et irreprésentable. La réaction se fait alors de façon répétitive sur un mode « fight » c’est l’hyperactivation avec agitation, ou encore « flight (fuite) ou froze » c’est l’hypoactivation avec engourdissement, sidération et évitement. On appelle cela : se situer hors de sa fenêtre de tolérance et on remarque bien cela chez les enfants maltraités qui peuvent être agressifs et ou amorphes.
L’intérêt du traitement de l’information c’est de donner des représentations qui permettent l’action. Il est le plus souvent adaptatif. Selon Damasio, il se double d’une représentation du sujet en train de se représenter la situation, au niveau corporel, cognitif et émotionnel. Il y a un lien entre « intérieur et extérieur », conscience et représentation.
La Mémoire
- Les modèles sur ce thème sont nombreux car c’est complexe, citons une première distinction simple : la mémoire à court terme et la mémoire à long terme.
Ainsi dans les démences d’Alzheimer, vous savez que c’est la mémoire à court terme qui est d’abord touchée. La personne âgée ne se rappelle plus où elle est, où elle a posé ses lunettes, le jour que l’on est par contre elle peut vous parler de son mari et de leur mariage il y a 60 ans de cela ; - On appelle maintenant la mémoire à court terme, « mémoire de travail (MT) », c’est le stockage et le traitement temporaire de l’information, on parle aussi de mémoire immédiate (en fait elle précède la MT), cela correspond à peu près à la RAM de l’ordinateur. Le terme « d’empan » renvoie à la quantité d’information stockable en MT. En l’occurrence on l’évalue à 7 chiffres en moyenne, mais il peut être augmenté par un entrainement spécifique.
On trouve d’ailleurs des sujets hypermnésiques qui sont parfois déficients intellectuels, comme dans le film Rainman avec Dustin Hoffman. En effet la capacité d’oubli (des informations non pertinentes) apparait comme une optimisation du fonctionnement de la mémoire. - Pour la mémoire à long terme c’est plutôt le terme de mémoire déclarative (ou mémoire explicite) et de mémoire procédurale (ou mémoire implicite) que l’on utiliserait actuellement.
La mémoire déclarative c’est deux choses :- La mémoire épisodique qui correspond à l’histoire de la personne avec des entrées comme les vacances en Bretagne en telle année avec telles personnes et expériences vécues comme l’odeur du varech…c’est donc un ensemble de nœuds, de grappes qui permettent au psy de parler en termes d’associations d’idées. C’est d’ailleurs redoutable car il peut y avoir des associations comme bruit violent : danger comme l’attentat où j’ai été blessé.
- La mémoire sémantique ce sont les connaissances du monde, le sens des mots, les concepts, les faits. C’est ce que l’on partage avec autrui et cela est distinct de notre histoire personnelle.
Les traitements psychiques des traumatismes travaillent sur la mémoire épisodique et visent souvent à dénouer des nœuds comme un bruit violent/l’attentat par exemple dans une technique comme l’EMDR qui avec des SBA (stimuli bi alternés) travaille sur les mécanismes de mémorisation (circuit hippocampe, amygdale, hypothalamus). Il faut souligner le lien entre émotion et mémoire. L’ambiance émotionnelle d’une émotion facilite la mémorisation. Néanmoins si celle-ci est trop intense comme dans un attentat le processus de mémorisation est inhibé et l’évènement reste présent activable par des stimuli contextuels
La mémoire procédurale concerne principalement les apprentissages sensorimoteurs qui deviennent automatisés à la suite de l’acquisition (faire du vélo, conduire une voiture, jouer de la guitare…). Ils sont aussi tributaires de programmes innés comme par exemple l’arc réflexe de retrait de la main qui touche un objet brûlant mais également lié au vécu (mémoire épisodique).
- La mémoire épisodique qui correspond à l’histoire de la personne avec des entrées comme les vacances en Bretagne en telle année avec telles personnes et expériences vécues comme l’odeur du varech…c’est donc un ensemble de nœuds, de grappes qui permettent au psy de parler en termes d’associations d’idées. C’est d’ailleurs redoutable car il peut y avoir des associations comme bruit violent : danger comme l’attentat où j’ai été blessé.
- Les souvenirs ne sont pas stockés dans une partie précise du cerveau comme un livre dans un rayon de bibliothèque près à être consulté.
- Un souvenir est constitué d’un ensemble d’information « ventilées » dans des zones spécifiques, sous forme d’une carte neuronale, avec une phase d’encodage, puis de consolidation. Chaque évocation d’un épisode de vie active un souvenir temporaire, différent à chaque reviviscence, le passé étant influencé par le présent.
- L’amnésie infantile, c’est-à-dire le fait que nous ne souvenons pas avant 3 ans et peu avant 6 ans est liée à l’immaturité de certaines régions cérébrales à ces époques. L’hypothèse de Freud d’un refoulement infantile n’apparait pas véritablement fondée. De plus le lien entre apprentissage du langage et facilitation de l’encodage est établi, ainsi d’une certaine façon le développement de la mémoire sémantique est indispensable pour la mémoire épisodique.
- Un souvenir est constitué d’un ensemble d’information « ventilées » dans des zones spécifiques, sous forme d’une carte neuronale, avec une phase d’encodage, puis de consolidation. Chaque évocation d’un épisode de vie active un souvenir temporaire, différent à chaque reviviscence, le passé étant influencé par le présent.
- L’oubli
- Il intervient à la fois dans le processus de mémorisation par un défaut d’attention ou encore une émotion trop forte (problème que l’on rencontre assez souvent dans la dépression).
Le stockage peut être affecté s’il y a une pathologie comme la maladie d’Alzheimer qui entraine une dégénérescence de l’hippocampe qui serait « le coffre-fort des souvenirs ». - Il intervient également par manque d’évocation, la trace neuronale disparaissant avec le temps comme un sentier forestier qui n’est pas utilisé et s’est effacé.
- Enfin l’oubli provient d’un problème dans le rappel quand par exemple vous cherchez une information que vous ne trouvez pas mais que vous sentez qu’elle n’est pas loin (c’est ce qui se passe avec le vieillissement cérébral pas forcément pathologique.
- D’une façon générale l’oubli est nécessaire pour une bonne efficacité cognitive. Nous devons nous souvenir du principal et surtout d’actualiser nos connaissances et de les mettre en lien.
- Il intervient à la fois dans le processus de mémorisation par un défaut d’attention ou encore une émotion trop forte (problème que l’on rencontre assez souvent dans la dépression).
- La vitesse d’encodage et de rappel dépend du type d’information. Ainsi les souvenirs passent par une phase sensorielle rapide puis en mémoire à court terme et enfin en mémoire épisodique sous forme de carte neuronale avec un rappel conscient. L’apprentissage de mouvement par exemple pour jouer du piano se fait par la répétition des mouvements, le stockage en mémoire procédurale est durable et le rappel automatique.
- L’efficacité de la mémoire diminue avec le vieillissement mais dans le même temps.
- En effet, de « façon normale », elle diminue avec l’âge avec notamment la baisse de la mémoire de nomination, de reconnaissance des visages (rappel) et de la mémoire à court terme (encodage).
- Toutefois, nombre de recherche montrent que l’on peut entrainer notre mémoire et diminuer notablement cet effet de l’âge. C’est l’objectif des ateliers mémoire ou cognitif, parfois animés par des infirmiers dans diverses institutions. On peut aussi améliorer ses capacités de mémorisation avec des techniques spécifiques comme l’imagerie interactive, les associations noms-visage, mot-lieux, l’organisation sémantique par catégorisation et l’organisation hiérarchique.
- Les stimulations liées au plaisir comme la pratique artistique, mais aussi le jardinage d’une façon générale l’activité physique, sont d’une grande aide.
- On remarque que la mémoire procédurale comme celle de faire du vélo est moins affecté avec le temps.
- La mémoire peut être perturbée par certains médicaments comme les benzodiazépines et les anticholinergiques qui sont la plupart du temps prescrits pour des troubles psychiques (anxiolytiques, antidépresseurs et neuroleptiques). En effet ces molécules agissent sur les capacités d’attention et d’encodage des informations nouvelles sans affecter l’information déjà « stockée ». Leur prise au long cours est déconseillée car elle pourrait entraîner un risque accru de démence sénile (benzodiazépines).
- Les démences se caractérisent en grande partie par une atteinte grave et irréversible de la mémoire, tout d’abord d’encodage et de rappel puis au long cours de la mémoire déclarative. Les sujets en phase avancée ne savent plus qui ils sont ni même reconnaître leurs proches, d’où le qualificatif de « mort psychique » de ces pathologies.
- En effet, de « façon normale », elle diminue avec l’âge avec notamment la baisse de la mémoire de nomination, de reconnaissance des visages (rappel) et de la mémoire à court terme (encodage).
- Des faux souvenirs peuvent être « fabriqués » par notre mémoire. Cela peut être induit par des enquêteurs de police dans leur démarche pour obtenir des aveux. Certains psychothérapeutes ont été mis en accusation pour avoir généré des faux souvenirs en recherchant des causes traumatiques à des symptômes psychiques.
Dans les deux cas on constate l’importance du contexte avec une implication forte du sujet dans un environnement à influence, voir à contrainte.
L'Intelligence
- Un enjeu important : Ce concept a fait et fait encore l’objet de multiples controverses dont les implications sont importantes du point de vue politique et pratique. Ainsi les chercheurs nord américains se sont longtemps déchirés sur le fait de savoir si les Noirs n’étaient pas moins intelligents que les Blancs. Cette prétendue supériorité des Blancs sur les Noirs était actée par la ségrégation raciale qui avait cours aux USA dans les années après guerre.
- Elle est encore présente dans les fondamentaux du racisme ordinaire comme les capacités sportives notamment à la course des Noirs, sous-entendu qu’ils font de bons sportifs mais pas des intellectuels.
- Vous voyez que les conceptions de l’intelligence entrent dans le débat plus vaste entre la part de l’inné (bagage génétique) et l’acquis (ce qui provient de nos expériences).
- Mais cette notion est récente, apparue avec l’écriture, et véritablement développée avec l’industrialisation du 19° siècle ainsi que les guerres modernes.
- La définition la plus générale, c’est aussi la plus pragmatique, met l’accent sur l’adaptation de l’individu à son environnement. Ainsi un éleveur nomade et analphabète du désert du Kalahari n’est pas forcément moins intelligent qu’un pédiatre de Boston.
- Piaget (psychologue Suisse) définit l’intelligence ainsi : « c’est un processus d’adaptation résultant entre les actions de l’organisme sur le milieu (assimilation) et celles du milieu sur l’organisme (accommodation) ».
- Selon une autre définition c’est : « une aptitude mentale très générale qui implique notamment la capacité à raisonner, à planifier, à résoudre des problèmes, à comprendre des idées complexes, à apprendre rapidement et à tirer profit des expériences vécues. ».
- Les modèles : Il existe un certain nombre de modèles pour décrire et comprendre l’intelligence :
- Le modèle structuraliste de Piaget que l’on a évoqué plus haut conduit à décrire des étapes d’évolution chez l’enfant du stade de l’intelligence sensori motrice à l’intelligence des opérations concrètes puis formelles. Pour le dire simplement l’enfant part de son expérience corporelle concrète, puis peut observer de façon concrète et commencer à faire des déductions. Dans le niveau formel celui de l’adulte, il recourt à l’abstraction et utilise des hypothèses dans une démarche logico déductive. Il existe un test l’EDEI.
- Les modèles factoriels de l’intelligence ; à l’aide d’une analyse statistique dite factorielle on a trouvé différents facteurs expliquant les compétences intellectuelles. Spearman a essayé de trouver un facteur prépondérant qu’il a appelé le facteur G comme général, il s’appuie sur l’idée des corrélations entre les résultats à plusieurs tests d’intelligence (il a donné lieu à un test d’intelligence les matrices de Raven). Cela a ouvert la voie à la recherche de facteurs globaux comme par exemple avec Wechsler qui dans le WISC (principal test utilisé pour les enfants) et la WAIS (principal test utilisé par les adultes) parle de QI verbal et de QI performance puis subdivise en 4 indices (compréhension verbale, raisonnement perceptif, mémoire de travail et vitesse de traitement).
- Les modèles neuropsychologiques comme celui de Luria qui prend en compte 5 échelles : séquentielle, simultanée, d’apprentissage, de planification et de connaissance qui décrivent des processus mentaux plus que des performances brutes. Les tests correspondant à ces modèles sont le KABC et la NEPSY. Ils rejoignent la théorie cognitive du traitement de l’information.
- Les modèles des intelligences multiples. Ainsi Gardner voit l’intelligence comme des comportements dans des situations données de la vie sociale. Les huit intelligences sont : linguistique, logico mathématiques, spatiale, musicale, corporelle kinesthésique, intra et inter personnelle, naturaliste.
- De l’intelligence animale : on a longtemps cru que l’intelligence était réservée à l’homme, les animaux étant « bête ». Les compétences communicationnelles des animaux n’étaient pas découvertes car ils ne communiquent pas comme nous par le langage articulé. On croyait d’ailleurs que leur répertoire de communication était très limité et qu’ils n’avaient pas de langage, par défaut de capacité articulatoire et faiblesse mnésique, ce qui est faux.
Les animaux communiquent à l’aide de langages spécifiques que l’on sait un peu décoder, ils communiquent d’ailleurs entre espèces différentes y compris avec nous, songer aux animaux familiers. Leur intelligence apparait comme beaucoup plus complète que nous ne l’imaginions, ainsi par exemple les éléphants ont des « cultes des morts », ce qui était longtemps un signe distinctif entre l’espère humaine et les espèces animales. Les primates mais aussi certains écureuils utilisent des outils qu’ils peuvent « inventer ». Plusieurs espèces, plusieurs mammifères et deux espèces d’oiseaux, « réussissent » l’épreuve du miroir, c’est-à-dire le fait de se reconnaitre dans le miroir, ce à quoi le petit humain parvient entre un et deux ans.
On pense que, non seulement beaucoup de grands singes sont intelligents, mais aussi d’autres mammifères comme les dauphins mais également des oiseaux comme les corbeaux dont le cerveau est particulièrement volumineux. Les poulpes présentent aussi d’extraordinaires capacités, alors qu’ils sont de la classe des invertébrés.
La Communication
- Préambule : C’est une fonction cognitive primordiale pour la survie :
– préservation, stratégies de groupe
– se développer : accouplement, coopération territoriale. - La base de la communication est un répertoire commun et des mécanismes d’accordage :
- le répertoire commun est la signification commune : telle expression du visage correspond à telle émotion, tel mot signifie à peu près la même chose dans une même société
- les mécanismes d’accordage sont liés à l’empathie et au départ de la vie à l’imitation qui est un comportement inné et servant à l’apprentissage.
- Le développement du sourire est un bon exemple de l’accordage. Chez le bébé il apparaît spontanément hors de toute situation sociale, de façon « accidentelle », il faut que l’adulte présent le remarque et lui accorde une valeur pour à son tour sourire et enclencher une suite interactionnelle où l’enfant va voir son comportement de sourire se renforcer car il ressent une émotion positive puis progressivement par la répétition des séquences comportementales il va acquérir la signification de ce sourire et pouvoir l’utiliser dans la communication ;
- L’accordage utilise surtout la gamme non verbale, posture, gestuelle, proxémie, vocalisation puis le langage vient à point nommé offrir un accordage propre à différentes situations sociales hors famille, par exemple à l’école maternelle où l’enseignant va donner des consignes plus élaborées liées à l’apprentissage d’un savoir de plus en plus abstrait (lire et écrire par rapport à parler).
Ce que l’on appelle les troubles de l’attachement peut venir de là, une mère n’est pas en accordage avec son enfant car elle est dépressive ou psychotique. L’enfant ne se retrouve pas dans la communication et les fonctions de base comme se nourrir ou dormir peuvent être affectées
- Il existe 4 niveaux de communication :
- le premier est physiologique : ce sont probablement les neurones miroirs (neurones moteurs situés dans le tronc cérébral) qui ont la propriété de s’activer quand on est témoin d’une action d’une personne. C’est la base la plus archaïque de l’empathie, elle se fait dans et par le corps et c’est pourquoi les soignants peuvent utiliser leurs postures et mouvements dans la communication.
- le deuxième est le comportement non verbal, nous en avons parlé à propos du répertoire commun et de l’accordage. La tonalité et l’intonation ont beaucoup d’importance. Les recherches montrent ainsi qu’une tonalité plus aigue que grave est meilleure.
- le troisième est le niveau émotionnel, il concerne de façon puissante d’empathie c’est-à-dire cette capacité de comprendre l’autre et qu’il se sente accepter par la résonance émotionnelle
- le quatrième est le niveau du langage, c’est le plus utilisé dans les sociétés modernes, mais c’est aussi le plus restreint.
- Des modèles de communication : La communication n’est pas un mécanisme simple où un émetteur envoie un message (modulé par des filtres) à un récepteur (modèle de Shannon). C’est plutôt une boucle interactive constante (modèle systémique de Watzlawick) où chacun va s’ajuster à l’autre en faisant aussi valoir son point de vue et sa stratégie communicationnelle (qu’est-ce que je veux, à quoi me sert cette communication ?).
- La communication est aussi contextuelle c’est à dire liée à des variables situationnelles comme le statut des personnes en communication (est ce un soignant et un soignés ou deux soignants), leurs caractéristiques personnelles (l’un est jeune et l’autre âgé, l’un a une mauvaise compréhension de la langue de l’autre), les enjeux (l’un doit-il obéir à l’autre, l’un veut obtenir quelque chose de l’autre), dans quel lieu sont-ils et avec quelles autres personnes qui peuvent influer ou être pris à parti
C’est pourquoi les maladies mentales jouent sur la communication, pensez à l’autisme que l’on appelle aujourd’hui TED (troubles envahissant du développement) qui est en majeure partie un trouble de la communication ou encore à la schizophrénie qui touche la communication avec le délire et les hallucinations.
Le Langage
- Préambule : C’est une fonction notable car elle permet de communiquer et elle est à la base des activités sociales, même si la communication animale c’est-à-dire sans le langage articulé, est très importante et complexe. On constate d’ailleurs que les grands singes parviennent à apprendre un vocabulaire assez étendu (jusqu’à 400 mots) et a formé des expressions.
Il faut distinguer :- la compréhension du langage qui permet de se construire une représentation mentale d’une situation à partir d’un énoncé oral ou écrit
- la production du langage qui consiste à transformer une représentation mentale en un énoncé écrit ou oral.
- C’est un domaine très spécialisé qui s’appelle la psycho linguistique et étudie aussi le rapport aux langues, quand on parle de neuro linguistique on évoque les localisations et les processus cérébraux.
- Ces domaines ont des applications très importantes dans le champ économique (la traduction automatique, les langages artificiels..) mais surtout pour ce qui nous intéresse en pathologie, songez à la fréquence d’une affection comme la dyslexie (5% de la population environ) ou encore les aphasies qui sont à l’origine de beaucoup de découvertes en neurologie. Voici quelques informations sur le langage oral.
- Comment cela marche :
- Les mots entendus sont perçus dans une petite zone (gyrus de Heschl) voisine des aires spécialisées dans le langage (aires de Broca et de Wernicke, situées dans l’hémisphère gauche respectivement temporal et occipital) et transférés vers ces dernières zones qui en collaboration avec d’autres parties proches décode les mots, les phrases et l’information et prépare une réponse adaptée.
- L’aire de Broca met en œuvre le programme moteur qui va actionner les muscles phonatoires et produire des sons articulés, via l’aire motrice primaire. On convient actuellement qu’une grande partie du cerveau est sollicité dans le langage et pas seulement les zones du langage.
- On constate également l’activation des mêmes zones cérébrales chez les sourds de naissance qui utilisent la langue des signes ainsi que pour les grands singes. De même des lésions sur les zones correspondantes à ces « aires du langage » du côté droit, provoquent des troubles prosodiques c’est-à-dire du rythme, de la « musique » de la langue
- La première phase de la compréhension du langage est le décodage des graphèmes (formes des lettres) phonèmes (sons correspondant) c’est à dire l’unité de base du langage (chien : 3 phonèmes, ch-i-en).
- C’est à ce niveau que se situe principalement le problème des dyslexiques, ils n’identifient pas correctement les phonèmes et leurs combinaisons.
- En effet, la combinaison des phonèmes renvoie à des répertoires de mots proches comme par exemple CHIEN, va se trouver sur une liste avec CHAT, voire CHINE (qui est un annagramme de CHIEN), on peut penser aussi pour de jeunes locuteurs à SIEN ou encore à VIENS avec les effets de ressemblance du premier phonème.
- L’identification du bon mot se fait par l’adéquation entre l’assemblage phonologique et le fait de trouver le mot dans le répertoire mais aussi par effet contextuel à la fois procédural (on attend dans la phrase un nom ou un verbe) et aussi sémantique (on attend un nom d’objet ou encore de lieu).
- Dans les aphasies (troubles du langage), les lésions sur l’aire de Wernicke (aphasie de compréhension) entrainent une incompréhension des mots et une utilisation erronée du vocabulaire sans conscience de ses erreurs (liste d’animaux : le lion, le zède, le rotelin).
Dans les lésions sur l’aire de Broca (aphasie de production) on trouve des personnes qui comprennent bien le langage mais ont du mal à articuler les mots ce qui donne des déformations avec souvent une suppression des sons les plus difficiles, (bibliothèque/bibiothèque). - Langage et compréhension : Vous pouvez facilement imaginer combien les caractéristiques du langage jouent sur la qualité de compréhension. Ainsi les phrases négatives ou ambigües (comme par exemple « le peintre peint la nuit ») sont plus difficiles à saisir, ainsi que les phrases contenant des mots rares ou des tournures syntaxiques inhabituelles (« puissante est la force dans ta famille Luke » maitre Yoda dans Stars Wars).
A fortiori les phrases contenant des paradoxes logiques (« je m’occupe de tout et toi tu t’occupes du reste », « soyez réaliste demandez l’impossible »).
Ceci est exploité dans l’hypnothérapie moderne qui utilise des techniques conversationnelles mettant en œuvre une production de langage particulier visant à « endormir » le contrôle conscient par une saturation d’informations monotones et déroutantes ce qui permet de pouvoir faire venir au premier plan l’inconscient qui lui fonctionne avec des modalités plus souples (de type poétique). - Langage et communication animale. Le langage humain a la caractéristique d’être articulé par rapport aux animaux qui communiquent par des vocalisations comme notamment les oiseaux mais aussi nombre de mammifères. Les abeilles communiquent avec leurs semblables des messages très élaborés (circuits de déplacement) pour échanger sur la localisation et la nature de sources de nourriture.
L’animal apprend, il n’est pas qu’un « animal-machine mu par son seul instinct. Il peut suivant les situations environnementales, développer des aptitudes et les communiquer à ses congénères.
La Conscience
- Il s’agit « d’un gros morceau » qui fait appel à la psychologie mais aussi à la philosophie, car une théorie de la conscience est en lien avec une conception de l’être humain et de sa liberté. La difficulté principale tient au caractère subjectif, étudier la conscience se fait avec la conscience. On n’a pas trouvé de localisation de la conscience dans le cerveau et beaucoup de traditions asiatiques considèrent d’ailleurs que la conscience se tient dans le cœur et dans le ventre.
- Il existe plusieurs définitions de la conscience qui entrainent d’ailleurs plusieurs conceptions et processus. On s’interroge aussi sur la question de la conscience chez les animaux non humains, tendant à étendre la liste des espèces qui pourraient avoir cette conscience. Certains évoquent aussi cette question pour « l’intelligence artificielle », les robots peuvent-ils avoir une conscience (cf les films Blade Runner, AI).
- La conscience de soi, est nommée auto-réflexive. C’est une représentation de soi qui donne une certaine unité à notre vie mentale. Certains parlent d’illusion à ce propos, compte tenu de la discontinuité effective de la vie et de la réalité constamment changeante.
- La conscience d’accès est le simple fait d’être conscient que l’on a froid ou que l’on est triste. C’est en référence au contenu immédiatement disponible.
- Les états de conscience comme la veille, le sommeil, le coma, les états de conscience modifiés (par des produits psychotropes ou des circonstances particulières comme la méditation) font référence à l’état de vigilance.
- La conscience phénoménale : Certains auteurs mettent en avant le côté subjectif de la conscience qui est personnelle, unique, indicible comme un coucher de soleil. C’est l’aspect qualitatif de notre vie mentale. Le terme « qualia » a été trouvé pour cette conscience phénoménale.
- Le modèle Cartésien (Descartes) de la conscience (je pense donc je suis) fait penser à un spectateur installé dans notre tête qui regarde un film, celui de nos représentations, c’est un modèle dépassé mais persistant comme représentation social.
- La plupart des processus mentaux sont inconscients et liés à un traitement rapide et automatique de l’information. La conscience relève de l’espace du choix c’est-à-dire de la liberté dans des situations relativement complexes. Mais « La conscience nait dans l’attention et disparait dans l’inattention (Professeur Tassi), ce qui implique d’être présent « ici et maintenant » et non pas « ailleurs et hier ou demain ».
- La conscience est une métacognition, on peut dire que je sens le parfum de cette rose et que je sais que je sens le parfum de cette rose. Je peux me représenter en train de vivre cette situation ( Professeur Stanislas Dehaene), c’est une capacité introspective.
Cela peut m’éviter de subir « l’automate intérieur (selon le terme de Guillemant), issu des conditionnements liés à nos vécus et à la répétition de réponses stéréotypées (les schémas cognitifs). Détachés de ce faux miroir de « nous-même » nous pouvons vivre activement et non pas passivement, donc créer notre existence.
En dehors de cela les processus inconscients s’avèrent infiniment plus rapides et efficaces, comme par exemple les réflexes de retrait au contact d’une source intense de chaleur. - La conscience dans le monde du soin avec la « mindfulness » ou encore en français « thérapie de pleine conscience » se rattache souvent au courant des TCC (thérapie comportementale et cognitive).
Il s’agit là d’aider les patients à se situer, par des exercices de méditation dans une conscience de l’instant en observant les différents mouvements mentaux (pensées, jugements, émotions) comme un observateur attentif et détendu.
L’apaisement se fait par distanciation et désidentification à ses pensées, problèmes et jugements envers soi, par un retour à un vécu pacifié lié à la conscience du corps et de son inscription dans le monde, ici et maintenant. Cela rejoint ce que j’évoquais à propos de « débrancher l’automate intérieur ». - Les 8 consciences dans la philosophie Bouddhiste
Salut Christian,
Super, bon véhicule pour transmettre une vision positive de la psychologie et de la méditation !
J’ai pas tout lu , mais il faut que je te signale ce que je pense être une coquille à “puissance et complexité” : l’information se fait par de façon électro-chimique .
Et une cht’ite remarque sur le TDHA, c’est une appellation du DSM largement controversée y compris par ceux qui l’ont construit. “On appelle TDHA” des troubles qui sont sans doute le symptôme d’une société “hyperactive” en manque d’attention et de présence à l’autre. Lui donner un statut officiel de “maladie” c’est contribuer à une représentation fragmentée de l’humain comme cerveau…
T’en fais ce que tu veux… Sinon est-ce que dans tes activités est envisageable une action de formation pour une équipe HJE du genre “découverte de la méditation et intérêts dans la pratique soignante ” ?
@+ et que la force soit avec toi…