Qu’est-ce que la méditation ?
Méditation (de meditatio en latin) se rapporte en Occident (au seizième siècle) à une pratique philosophique ou religieuse. Elle consiste en une réflexion sur un objet psychique : comme méditer une question philosophique ou religieuse, dans le but d’en approfondir le sens.
Descartes a écrit plusieurs textes (les Méditations métaphysiques), à visée introspective, où figure la célèbre maxime « je pense donc je suis ». Ignace de Loyola, le fondateur des Jésuites, avec ses exercices spirituels, institue un temps quotidien de réflexion sur les actions et pensées de sa journée, en référence à sa plus ou moins grande proximité avec Dieu. La méditation implique donc de se tourner vers l’intériorité, par la concentration.
En Orient, ce qui pourrait être entendu comme « la méditation » (mot qui n’existe pas) se rapprocherait d’un mot très ancien (bhāvanā en sanskrit, souvent traduit par « cultiver ou entrainer l’esprit »). Depuis presque trois millénaires, elle est au cœur de traditions comme le bouddhisme, l’hindouisme et le yoga. Néanmoins, elle recouvre une réalité assez différente de la méditation telle que l’a conçue l’Occident.
C’est une discipline visant à produire une paix, la vacance de l’esprit, de états de conscience purifiés, obtenus en se « familiarisant » avec un objet d’observation : qu’il soit extérieur (comme un objet réel ou un symbole) ou intérieur (comme l’esprit ou un concept, voire l’absence de concept, ou encore les sensations).
Elle prend place dans un système religieux et anthropologique complexe avec des notions telles que, dans le Bouddhisme, le Karma et la renaissance, le Samsara et le Nirvana. Elle sert à la libération des êtres, cette pratique n’étant pas indépendante de la conduite éthique, de l’étude et des rituels religieux.
L’oraison (de oratio : prière), qui est définie par l’Eglise catholique comme : « une prière silencieuse en présence de Dieu » peut être rapprochée de la méditation « à l’orientale ». On retrouve des approches similaires (mais avec une récitation intérieure) chez les Orthodoxes avec la Prière du cœur, chez les musulmans soufis avec le Dhikr et chez les Bouddhistes Japonais de l’Ecole de la Terre Pure (Nembutsu).
Ainsi il existe une familiarité entre méditation, contemplation (dhyana en sanskrit, traduit en chinois par Ch’an puis Zen en Japonais), oraison, recueillement, absorption méditative (qui correspond au mot sanskrit de Samadhi).
L’approche laïque, très récente, de la méditation de pleine conscience souvent raccourci en Mindfulness « pleine conscience » (traduction imparfaite que l’on pourrait aussi rendre par « pleine présence » ou encore « pleine attention »), est axée sur le soin, le bien-être et le développement personnel.
Aussi, même si elle emprunte beaucoup aux sciences contemplatives traditionnelles, s’en prétendant parfois l’héritière, elle s’en écarte dans son objectif de renforcer le moi (ou le soi) plutôt de que l’abandonner.
Enfin notons la distinction faite par les chercheurs en neurosciences qui se sont emparés sur ce sujet maintenant à la mode : sur la méditation « unipointée » (avec un support comme l’attention au souffle), la méditation ouverte (sans support autre que la présence à l’instant), de l’amour bienveillance (dirigée vers soi et les autres).
Pourquoi méditer ?
Cette question est essentielle et renvoie à notre aspiration et à notre motivation. Qu’est-ce que nous voulons vraiment ? Vers quoi allons-nous bouger ? Elle dévoile implicitement le constat d’une insatisfaction, d’un manque ou encore de « passer à côté de quelque chose ». Elle peut donc être en lien avec un vécu d’incomplétude, de souffrance ou encore un désir de découvrir, d’élargir son horizon.
L’aspiration est « d’embrasser » ce constat, fut-il douloureux. Tandis que la motivation requiert notre réflexion. Pour Matthieu Ricard, il s’agit de savoir de quoi avons-nous besoin authentiquement ? quel est « le but du voyage » (même s’il n’y a rien à atteindre tout étant « déjà là »). Le corollaire de ces questions est aussi de remettre en jeu notre place au monde, par rapport aux autres, à l’univers et au temps.
Comment méditer ?
Les méthodes et pratiques méditatives ne manquent pas. Il s’agit d’un apprentissage et d’une expérimentation. Tout comme la conduite d’un véhicule ou le jeu d’un instrument de musique, cela mène à un engagement dans le temps, avec suffisamment de régularité. Ce n’est pas tant de passer une heure tel jour mais plutôt de s’y tenir chaque jour, même si ce n’est que pour 10 minutes, d’où l’importance de développer une motivation et une détermination.
Traditionnellement on considère que la méditation utilise l’une des 4 postures, assis, debout, allongé ou en marchant, la première étant privilégiée par la plupart des traditions. Néanmoins la post méditation a une importance au moins aussi grande, car il s’agit d’étendre dans la vie quotidienne cette présence attentive et bienveillante, sans se contenter d’une gymnastique de l’esprit, certes efficace mais limitée.
En effet, les « bienfaits » de la pratique méditative apparaissent, le plus souvent, de façon progressive. Le changement est le fruit de cet « entrainement de l’esprit » (selon la traduction du mot tibétain « gomrim » pour méditation).
La plupart des personnes constatent un apaisement progressif, avec des moments plus fréquents de joie et de sérénité, une meilleure aptitude à résoudre les difficultés de la vie ainsi que des relations plus apaisées et harmonieuses aux autres.
Les études scientifiques valident, au moins en partie, ces améliorations, notamment dans les programmes MBSR initiés par le Docteur Kabat Zinn.
Pour méditer il suffit de se donner un peu de temps chaque jour, que ce soit pour marcher tranquillement, en conscience de ses pas et de son souffle, ou encore pour s’assoir face à une bougie ou une belle représentation artistique ou religieuse, en observant le cours de son esprit ou le va et vient de sa respiration.
Enfin cette méditation « formelle » peut s’élargir aux moments du quotidien, pour vivre en « pleine présence », notamment dans les situations problématiques comme par exemple avec un collègue de travail ou un conjoint qui nous contrarie, afin de ne pas être « emporté » par les émotions perturbatrices de la colère, du ressentiment et du manque d’estime de soi.