JOURNAL DE BORD D’UN PSY EN EHPAD PENDANT LE COVID

Le virus, le confinement et ma motivation

” Ah cet étrange virus avec qui nous avons un rapport conflictuel! Il est vrai que la cohabitation n’est simple pour les deux. Tel un Alien il s’infiltre en nous, se multiplie avec plus ou moins d’aise, ne faisant que passer, ou nous rendant malade et si faible ou encore nous faisant trépasser. Nous lui avons déclaré la guerre, foi de Président et les soldats en uniforme blanc sont partis au front. Mais dans la vraie vie celles des soignants, ils y étaient déjà et ils se sont pris une méchante claque. Beaucoup l’ont attrapé et certains en sont même morts, il a semblé que nous ne savions pas grand chose et que nous n’avions pas les moyens pour faire face à cette crise. Il nous a manqué par exemple de simples masques, dont le coût est inférieur à un euro mais aussi des surblouses, des médicaments et bien d’autres choses.

Effarés nous avons découvert ce chaos marqué par l’imprévisibilité, accru encore par le confinement généralisé décidé par le gouvernement. Chacun devait rester chez soi ne sortant que pour faire les courses indispensables, à manger parfois aussi pour certains à boire et à fumer. Une “promenade hygiénique” d’une heure autour de chez soi nous était allouée chaque jour, la police veillant surtout dans les villes à mettre des contre danses.

Les inégalités sociales et les traitements différenciés des catégories marginalisées se sont encore mieux vues. Ainsi on a complètement bouclé les vieux en Maison de Retraite et même dans certains hôpitaux psy. On a bouclé encore plus les prisons, plus de travail, plus de famille, plus d’activité, rester en cellule. Même Dieu a été congédié avec les lieux de culte fermés et les enterrements expédiés en petits comités à la “va vite”.

Au début le confinement ne m’a pas déplu puisque je bénéficie d’une maison avec un jardin et la nature pas loin. De plus avec la retraite j’ai appris à ne plus trop en faire et en plus à aimer cela. Evidemment on ne peut pas être complètement heureux quant d’autres si proches souffrent. Ainsi un bon matin téléphonant à mon père dans son EHPAD je le trouve en miettes, il est enfermé à clé dans sa chambre.

Le médecin de l’EHPAD m’explique qu’il sort de trop de sa chambre même s’il est vrai qu’il n’est opposant quand on l’y reconduit, c’est insupportable pour le personnel qui est très occupé surtout quand il est peu nombreux le dimanche car il faut désinfecter à chaque fois qu’il sort.

On m’écoute poliment, le médecin, le groupe dont dépend cet EHPAD mais on ne veut surtout pas de COVID, cela se comprend mais faut- il pour autant renoncer à son éthique professionnel et à son humanité. Alors après avoir retourné ma colère dans tous les sens, je me porte volontaire dans un autre EHPAD qui s’est pris la vague et tangue dangereusement.

L’arrivée à l’EHPAD

Le premier jour de travail je suis présenté à l’équipe lors d’une réunion plénière liée au décès dramatique (du indirectement au COVID) d’un des résidents. Tout le monde est tétanisé, comme anéanti et gelé, pas de larmes sauf chez la soignante qui l’a trouvée avec qui il y avait un lien fort. Mes paroles de psychologue sont inadéquates et en plus venant d’un inconnu… Je donne des petites cartes pour qu’elles puissent me parler si elles le souhaitent, personne ne les utilisera, pas plus que les permanences d’écoute téléphonique de la psychiatrie publique, selon mes anciennes collègues.

Je suis là toutes les après midi y compris parfois les week end et je fais ce qu’il y a besoin, aller rencontrer un résident que l’on m’a demandé de voir, porter pour remettre à la chaise avec une collègue cette personne âgée, chercher du matériel…C’est ainsi que je fais connaissance avec toutes et quelques tous (nous ne sommes que 7 hommes sur une quarantaine de personnes et 2 soignants). J’essaie aussi de prendre soin des cadres sur lesquelles la pression est terrible, en terme de responsabilité et de décisions à prendre.

La maison de retraite est partagée en deux parties nommées COVID plus et COVID moins, même si nous ne savons pas au juste qui l’a et qui en est préservé à ce moment, faute de tests qui ne sont disponibles qu’à l’hôpital. Il y a deux équipes distinctes avec deux vestiaires et des circuits où on ne se croise pas, mais avec plusieurs niveaux et un seul ascenseur, pas évident.

J’aime bien les personnes âgées, et en dépit de l’équipement (notamment le masque et la visière) qui rend difficile la communication, nous arrivons à nous rencontrer vraiment. Les yeux sont toujours là et une fois qu’on les a “accroché” alors beaucoup est possible, même avec les troubles cognitifs préexistants et majorés par la situation où la personne est changée de chambre, isolée avec peu de passage, sans réelle compréhension de ce qui se passe. Longtemps la notion de virus a été étrange pour la majeure partie de ces personnes.

Je vois bien qu’elles s’ennuient, qu’elles sont perdues. Certes elles n’ont pas peur, sinon pour leurs proches quand elles réalisent via la télévision qui réservent de sinistres nouvelles, ressassées à l’envi. D’autres sont aux rives de la mort et les soignants sont là comme des passeurs pour les accompagner, mais nous manquons de tant de choses, les anti douleurs que l’on attend, le temps à être avec, la présence de la famille qui est interdite (Directives nationales) puis permise grâce à l’humanité des responsables de l’EHPAD et les demandes insistantes d’une partie de l’équipe. 

Cette semaine là plusieurs franchiront ces berges de l’au delà de la vie. La “mort du COVID” n’est pas belle à voir, ici ce n’était pas une extinction lente comme une bougie qui vacille doucement puis s’éteint. C’était plutôt une lutte, pour trouver de l’air alors qu’elles semblaient si faibles, à bout de force. Nous n’avions pas de médecins en permanence ni de respirateurs et d’ailleurs elles ne le supporteraient pas. C’est de l’oxygène qui est donnée avec un ballon que l’on voit se gonfler à chaque inspiration avec peine et les personnes ont très soif avec ce système.

Quelques semaines plus tard

J’ai maintenant des regards amicaux et à l’occasion des séances que j’organise, certains viennent me trouver. En effet pendant plusieurs semaines nous avons trois ateliers, méditation, gymnastique chinoise et auto hypnose en libre accès pour le personnel. Beaucoup y viennent et je commence à connaitre leurs prénoms et comment ils vivent cette crise. J’observe que beaucoup dorment mal, tout comme moi d’ailleurs. Pourtant ils assurent remarquablement. Quand on arrive c’est très calme, peu de paroles mais des échanges de regards avec l’impression un peu magique que l’on sait ce qu’il faut faire et ce dont l’autre peut avoir besoin.

Je note la bienveillance entre nous, avec les résidents et aussi la hiérarchie. Pourtant le cadre est ferme parfois même rigide ce qui est certainement un avantage dans une situation aussi difficile. Je me rends aussi compte combien nous sommes seuls, livrés à nos seules ressources. Les autorités ont non seulement “du retard à l’allumage” pour assurer nos besoins, mais en plus elles nous envoient des messages toujours plus préoccupants par l’exigence de respecter ceci ou cela, en décalage avec notre quotidien.

En fait non, nous ne sommes pas tout à fait seuls, les familles se mobilisent grâce au journal de bord à leur destination que la directrice rédige chaque soir tard. C’est un écrit vivant et sensible qui “appelle un chat un chat”, il y a aussi des photos de résidents surtout quand nous sortons dans le parc. On y trouve aussi “des appels au peuple” qui sont entendus. Ainsi des masques nous sont livrés d’autres, les FFP2, nous sont donnés par des policiers qui les reçoivent alors que nous en manquons. La bêtise de certaines décisions est ainsi réparée par la générosité. Un ami Lama me dit que le bon coeur ne demande qu’à s’exprimer et c’est ce que nous voyons au niveau de la base.

Certes on assiste aussi au spectacle désolant de responsables politiques ou administatifs exerçant leur responsabilité de façon sidérante, affirmant par exemple que les masques ne sont pas utiles pour les personnes autres que soignantes, affirmation dont on peut penser qu’elle vise à masquer le fait qu’il n’y a pas assez de masques à ce moment là. Quant aux informations et notamment télévisuelles, c’est l’indécence d’un voyeurisme qui me choque et je ne suis pas le seul. On insiste lourdement sur les choix qui sont faits à l’hôpital entre ceux que l’on ferait vivre et les autres…

Il es sûr que l’hôpital n’est pas enthousiaste (et le mot est faible) pour accueillir nos patients très âgés et souvent souffrants de poly pathologies. Certes bien peu supporterait une intubation pour les réanimer avec un respirateur. Pourtant nous aurions aimé être mieux accueillis, conseillés et aidés par les hospitaliers. Nous comprenons bien qu’ils étaient aussi complètement débordés. Mais au final ce sont les “vieux qui ont vraiment payés l’addition”. Le manque de lits, de matériel, de préparation et de personnel que l’on a découvert en France, alors que les hôpitaux sont soumis à des restrictions budgétaires depuis des années (merci Messieurs Sarkozy, Hollande et Macron notamment) a fait la différence avec nos voisins Allemands, mieux organisés aussi de par le système plus local des Lander.

L’EHPAD comme une forteresse, mais aussi une prison?

Le confinement à la chambre était effectif, quand je suis arrivé. Les chambres belles et pleine de clarté sont néanmoins assez petites, la plupart ont moins de 20 mètres carrés, si on enlève le module salle de bains et toilettes. 24h sur 24 le résident se trouve là entre ses 4 murs, attendant ses repas qu’il mange à la petite table, bougeant entre la table le lit la fenêtre et le fauteuil cela a duré pratiquement deux mois et demi. 

Les visites étaient interdites et les intervenants extérieurs ne pouvaient plus non plus venir, tout cela a réduit considérablement les contacts affectifs et sociaux. Je me suis vite inquiété des conséquences de ce mode de vie dégradé et je n’étais pas le seul. Nous avons essayé d’intégrer très tôt la stimulation par le passage du personnel et aussi quand cela a été possible (après la vague des décès) des sorties dans le parc.

Tout le monde réalisait bien que cet état de confinement très strict, qui ressemble à la prison (la bienveillance en plus), que je connais bien comme aumônier, abimait les corps, les esprits et les âmes. Pourtant” le train lancé à pleine vitesse” ne pouvait s’arrêter rapidement.

La Directrice était à nos côtés pour essayer d’humaniser autant que possible, cette inhumanité sanitaire où protéger les personnes fragiles (les ainés) revient aussi à leur infliger de la souffrance, ce qui est la pire situation pour des soignants. Nous n’avons jamais enfermé à clé qui que soit et nous avons laissé se faire des relations entre les résidents, certains pouvant se retrouver à deux en distribuant les masques et en éduquant à leur usage.

Après le tsunami

 Début mai cela a commencé à s’arranger un peu, même si nous trouvions toujours des cas de COVID, bien sur là où il n’était pas censé être, en partie COVID moins. Nous sommes mieux rodés, notamment avec l’isolement en essayant de soutenir une personne très perturbée de perdre ses repères quotidiens, je me rappelle d’une dame contente de retrouver l’un de ses crucifix.

Finalement nous pouvons abolir la clôture à l’intérieur de l’EHPAD et symboliquement nous faisons une fête d’ouverture où deux jeunes aides soignantes enlèvent en musique et en dansant toutes les protections, restant simplement comme à l’habitude en blouse. Chacun progressivement reprend sa chambre. Nous réfléchissons à la façon de donner l’information des personnes qui sont mortes. Certains commencent à poser des questions sur leurs voisins qu’ils ne voient plus. Nous faisons un petit autel laïc avec les photos et c’est impressionnant de voir tout ce monde une douzaine de personnes décédées.

Quelques uns passent devant et réalisent, pour d’autres c’est trop il faut en dire un peu à la fois et puis reprendre plus tard. On réalise que certaines tables de la salle à manger seront pratiquement vides. Une dame revient de l’hôpital, son mari est mort, les deux avaient le COVID, quand je la sens prête si jamais on peut l’être pour une nouvelle pareille, je vais lui annoncer avec une belle photo de cet homme. Ses yeux se mouillent, elles essaie de parler mais ne trouve pas les mots, nous prenons le temps d’y revenir, il semble que la douleur se calme. 

J’ai l’idée d’essayer d’objectiver les effets psychologique du COVID, notamment le confinement sur les personnes âgées et je présente le projet d’étude au COPIL (comité de pilotage, toujours la novlangue style gestionnaires ARS) en attendant sans doute le RETEX (retour d’expériences). L’accueil est bienveillant et encourageant, je commence les entretiens avec une échelle reconnue (la GDS 15) qui donne une appréciation sur le risque dépressif grâce à un score. Je rencontre l’une après l’autres les résidents dont les capacités cognitives sont suffisantes pour s’exprimer avec les mots. Pour les autres personnes, nous utiliserons avec les aides soignantes une autre échelle celle de Cornell où il s’agit d’une observation de signes autour de la vie quotidienne, pouvant être des indications d’un risque dépressif.

Les entretiens sont passionnants, à partir des 15 questions j’essaie aussi d’approfondir pour permettre une analyse qualitative et pas seulement quantitative. Je trouve que les personnes sont contentes de parler de leur vie, de ce qu’elles croient et ressentent. Mes collègues aides soignantes montrent leurs sens de l’observation et leur connaissance fine de la vie des résidents qu’elles connaissent souvent depuis plusieurs années. Elles réussissent à se centrer sur les dernières semaines puisqu’il s’agit d’une évaluation des effets de la crise sanitaire et notamment du confinement.

Les résultats quantitatifs sont tout aussi impressionnants que pour la contamination (même pourcentage) les deux tiers des résidents présentent un risque dépressif. Il n’y a pas de lien statistique entre les deux phénomènes puisque la proportion de personnes présentant un risque dépressif est la même dans le groupe de ceux qui ont eu le COVID et dans celui qui ne l’ont pas eu. Nous avons ces résultats grâce à un travail de recherche mené avec des tests sérologiques détectant les anticorps signes que le virus a été présent.

Les personnes qui ont les plus lourds troubles cognitifs paraissent moins touchées par le risque dépressif, s’agit-il de l’effet d’une “vie dans le moment” qui aplanit les affects liés à la mémoire des pertes?

Ces éléments permettent d’essayer de développer la reprise des contacts sociaux, affectifs et familiaux. Certes les visites ont repris quelques jours après le déconfinement général du 11 mai avec un” protocole  de dingue” (comme dirait un certain Président). Le résident et la famille se trouvent derrière un vitre en plexi avec chacun des masques et à 3 mètres de distance. Autant dire que ceux, et ils sont nombreux, qui voient entendent et comprennent mal, ne sont pas à la fête. 

Il en était souvent de même avec les liaisons par skype sur les tablettes qui conviennent à ceux qui n’ont pas trop de troubles cognitifs et sensoriels. En faire une panacée comme dans la recommandation du Conseil scientifique sur les EHPAD n’est pas soutenable. Un nombre non négligeable de familles limiteront les visites ou les arrêteront, cela fait trop souffrir. J’ai vécu cela avec mon père, et cette vitre me rappelait les anciens parloirs de prison, intolérable, même si les accueillants faisaient tout pour que nous soyons le mieux possible.

Heureusement nous avons réussi à mettre en place des visites en direct dans une chambre libre sans plexi mais avec des masques et l’accompagnement d’un membre du personnel et de bénévoles anciens professionnels de santé. Comme cela marche nous multiplions les lieux, puis ouvrons la visite dans le parc, les sourires reviennent, on peut se tenir les bras, pas s’embrasser mais le contact est déjà si bon et nourrissant affectivement.

Les intervenants parviennent à revenir, les Kinés dont certains étaient fins prêts mais attendaient leur Ordre, les pédicures mais aussi les coiffeuses. Il faut dire que les tignasses commençaient à s’épaissir et les cheveux de certaines dames à partir dans tous les sens. Cela ajoute à la sensation de renaissance, tout comme le retour à la salle à manger. Nous avons recomposé les tables cherchant les meilleures combinaison pour que chacun s’y retrouve.

J’ai aussi cherché des artistes pour donner des spectacles, les musiciens sont les premiers puis les conteurs et gens de théâtre.Il y a vraiment un désir de s’amuser qui revient vite. Certains dont c’est une première (de se produire en Maison de Retraite) nous disent avoir été impressionné par la qualité de ce public.

En attendant la deuxième vague ou comme un air de Désert des Tatars

L’été est curieux, nous n’avons plus le virus dans les murs mais partout bruissent les informations et rumeurs d’emballement de la circulation du virus et des fameux cluster (foyers épidémique va aussi bien mais sans doute que l’anglais fait plus pseudo scientifique et sérieux). Les Vosges sont calmes mais pourtant on “se fait peur” en entendant des rumeurs de cas en EHPAD parfois avérés comme en Meurthe et Moselle.

La tentation de refermer les EHPAD est forte et il semble qu’ici ou là cela se fasse, sans même un cas dans l’établissement, s’il y en a sur la ville ou à moins de 30 kilomètres pour les établissement d’un grand groupe. Alors que nous avons à faire à la deuxième vague, celle des dommages psychologiques, je ne suis pas sûr que nombre de personnes âgées supporteraient un deuxième confinement  du même tonneau. Certes elles ne mourraient probablement pas car les syndromes de glissement sont rares mais seraient à nouveau blessées psychiquement, ce qui ne se soignent pas comme ça. D’autant que la psychiatrie publique fait ce qu’elle peut avec ce qu’elle a, c’est à dire pas grand chose. Ainsi on attend un rendez auprès d’un psychiatre de personnes âges à peu près un mois et soyons satisfaits cela serait sans doute pire pour un psychiatre d’enfants.

J’ai essayé de faire connaitre les résultats de mon évaluation à l’échelon national, sans succès, personne ne répondant à mes courriers à part deux députés dont l’un à une suppléante médecin que cela a intéressé, mais il est dans l’opposition. Il semble que les aspects psychologiques de cette crise sanitaire soient largement sous évalués, surtout chez les personnes âgées. L’objectif de les protéger “à tout prix” venant ” écraser” tout autre préoccupation. 

Pourtant on pourrait tirer les leçons de ce que l’on sait faire, comme des visites avec les familles en direct et bien protégées (masque, visière, distanciation et présence d’un membre du personnel ou d’un bénévole ancien personnel de santé). Les intervenants extérieurs indispensables comme les professionnels de santé doivent pouvoir venir même en cas de configuration de crise, là aussi bien équipés le risque de contamination (dans les deux sens est proche de zéro).

Je me suis interrogé sur le discours ambiant de protection des personnes vulnérables, le grand âge étant prépondérant avec ce virus. Il ne me semble pas que l’on ait protégé les personnes âgées notamment en EHPAD. Les auditions notamment celles des représentants des médecins coordonateurs, ont montré la suspicion de mise de côté de cette population par rapport aux soins hospitaliers. Alors dire que l’on a protégé les plus vulnérables ne me semble pas juste, on a protégé le système hospitalier qui étaient au bord de la rupture et je trouve cela “normal”. Mais en exclure parfois, les résidents d’EHPAD n’a pas été assumé, et c’est le personnel d’EHPAD qui l’a subi.

Il n’y a pas sans doute pas eu de directives systématiques en ce sens, pas de complot ni de responsables à chercher mais le manque d’un débat social sur de tels choix que le conseil scientifique lui même regrette, ayant demandé un comité citoyen et ne l’ayant pas obtenu de la part du gouvernement, toujours cette méfiance du peuple et des citoyens.

Alors, Nouvelle vague?

Et voilà elle arrive dans les deux tiers des départements mais surtout dans les agglomérations, il fait bon être à la campagne ici dans les Vosges. Les directives sont toujours aussi fluctuantes et peu convaincantes. A la décharge des décideurs on découvre que l’on n’ait pas sûr de grand chose concernant le virus. Certains pensent que l’on peut l’attraper plusieurs fois, pas sûr! D’autres pensent que les tests groupés permettraient de tester plus de personnes, d’autres considèrent que cela n’est fiable!

Heureusement nous ne nous affolons pas, la restauration autant que possible de l’état psychique des résidents reste prioritaire en gardant les mesures de protection que nous avons depuis tout l’été. On nous a incité à nous faire tester après des vacances pour reprendre le travail, ce qui n’est pas une mauvaise idée. Je l’ai fait et j’ai reçu les résultats 3 jours plus tard, j’avais déjà repris le travail. Cela ne marche pas bien. 

On sent aussi le balancement entre les jusqu’aux boutistes sanitaires qui nous reconfineraient bien et ceux qui ne se rendent compte que ces décisions brutales autoritaires sont de moins en moins acceptées. En effet la nervosité des citoyens est sensible, les jeunes sont pointés du doigt tandis que les vieux sont renvoyés à leur responsabilité par exemple de ne plus aller chercher leurs petits enfants à l’école, affligeant dans les deux cas, et en plus dangereux de monter les gens contre les autres. Le gouvernement par la peur a beaucoup d’inconvénients car celle ci va souvent avec des émotions comme la colère ou encore le désespoir. Ces émotions peuvent d’ailleurs déprimer le système immunitaire qui aurait besoin d’être très en forme.

Et puis il me semble que les théories complotistes ou très limites gagnent du terrain comme en témoignent le mouvement anti masque dont l’argumentaire est tout de même “gratiné”. J’ai reçu il y a quelques temps un article m’expliquant doctement que les malades actuels d’affection respiratoire n’était pas dûs au Covid mais à l’usage des masques qui provoqueraient ces pathologies. Pour d’autres l’épidémie est finie, faisant fi de l’accroissement du nombre de personnes en réanimation et du nombre de décès, certes ce n’est pas impressionnant mais tout de même il se passe quelque chose de l’ordre d’une “réplique” pour ne pas utiliser le mot de ” deuxième vague”.

Nous y sommes, la deuxième vague

Les Vosges ne sont plus à l’abri de ce qui se passait plutôt dans les grandes villes, les indicateurs et je parle de ceux qui sont significatifs, c’est à dire essentiellement le nombre de personnes en réanimation ainsi que les personnes décédés du Covid sont bien en hausse constante.

A l’EHPAD les sorties des résidents ne sont plus autorisées et les visites des familles soumises à un contrôle, avec des restrictions: sur rendez vous, durée d’une heure, avec masque pour tout le monde mais cela reste possible dans la chambre. Nous n’avons pas tout bloqué comme dans certains établissements qui ont des cas avérés ou simplement une grande peur que cela arrive.

Le nouveau confinement permet les visites ce qui est un progrès et l’aveu d’un terrible ratage du premier confinement. Je ne sais pas si on pourra évaluer un jour le nombre de morts supplémentaires liés, non pas au Covid, mais au confinement lui même: personnes en EHPAD avec un syndrome de glissement, personnes dont les soins ont été reportés (notamment les soins de cancer). Certains médecins font des hypothèses chiffrées supérieures en nombre, aux personnes décédées du Covid.

Cependant il faut être prudent car il existe maintenant différents “camps”, entre les alarmistes (nombre d’épidémiologistes) qui voudraient nous avoir à nouveau “confiner à double tour”, les “rassuristes” qui affirment que cela n’est pas un seconde vague et que le confinement ne sert à rien. Il y a toujours des complotistes affirmant qu’il y a un agenda secret de confisquer notre épargne et nous endetter, comme dans une vidéo d’un médecin réanimateur qui m’a été transmise. Quand l’objectif ne serait pas d’enrichir les compagnie pharmaceutiques qui veulent caser leurs traitements anti viraux et leurs vaccins.

Je n’envie pas les responsables publiques de devoir prendre des décisions dans un tel chaos intellectuel et “scientifique”. Ma position est que dans le monde actuel, une vérité même déplaisante finit toujours par être connue ce qui n’était pas le cas au temps de Galilée où la religion dominante pouvait bruler les scientifiques. De plus, même s’il y a des influences qui conduisent à valider des connaissances pouvant s’avérer fausses et on pourrait citer le cas des “morts subites du nourrisson” où l’on a promulgué des préconisations qui se sont avérée fausses avant de trouver ce qu’il faut faire pour l’éviter,  les scientifiques finissent par se mettre d’accord sur des connaissances. L’un des problèmes est que nous n’avons pas vraiment ce “temps long”‘ de la recherche car nous devons agir pour éviter des malades et des décès. D’où l’interêt de ne pas sacrifier la recherche fondamentale au motif de faire des économies comme cela a été fait avec la diminution des crédits de recherche pour le SRAS 1 (la maladie Covid vient du virus SRAS 2).

Enfin le problème d’engorgement des hôpitaux résulte autant de l’épidémie de Covid que des postes et lits supprimés pendant des années par des responsables politiques de droite comme de gauche, certains réclamant aujourd’hui d’en créer immédiatement ce qui n’est pas simple avec des personnels très qualifiés et mal payés, d’autant que les salaires des fonctionnaires hospitaliers ont été bloqués pendant des années par ces mêmes politiques. Une vraie enquête parlementaire devrait permettre d’y voir clair et de nommer les responsables, nous en sommes encore loin.

Troisième vague mais vaccination

Le deuxième confinement à l’automne a été assez light par rapport au premier même dans les EHPAD où l’autorisation de sortie a été très réduite (pour la semaine de Noel) avec un “prix” élevé à payer c’est à dire tests pour tous et une semaine à l’isolement. Seules deux résidents sortiront.

Les vieux demeurent bouclés et confinement général ou pas, la privation de liberté dure depuis presque une année. Cela commence à se

sentir vraiment en terme de symptômes dépressifs.

Le couvre feu a fait baisser les chiffres très mauvais des Vosges mais cela reste à un niveau très élevé, le reconfinement n’est qu’une question de jour. Pourtant la bonne nouvelle est la vaccination. Je ne suis pas vraiment un fan des vaccins mais là il faut y regarder de près  car nous n’avons pas tellement d’alternative sans traitement avec une pandémie qui est loin d’avoir infecter suffisamment de personnes pour s’arrêter naturellement.

Les éléments scientifiques sur les vaccins à ARN messager sont assez convaincants sur le rapport favorable bénéfice/risque. Il y a bien un risque notamment en terme d’emballement immunitaire et pas seulement pour les personnes aux prises avec des maladies auto immunes. C’est une incertitude au moins à moyen terme, mais je considère que cela vaut le coup pour soi et pour le groupe encore plus.

A l’EHPAD nous espérons que cela permettra aux personnes âgées de retrouver la liberté et de retrouver leurs familles et amis. Pour l’instant cela n’est pas le cas puisque nous recevons des directives assez  sidérantes: distanciation sociale à 2 mètres, port du masque pour les résidents, restriction supplémentaire des visites. Nous avons l’habitude de la peur qui se répand dans les circuits administratifs engendrant des “directives parapluie” c’est à dire peu applicables mais dégageant la responsabilité des ARS.

J’ai pu être vacciné tout comme les salariés qui le souhaitaient, cuisiniers compris ce qui est totalement normal vu les contacts dans une grande maison comme la notre. J’ai dégusté: grosse fatigue, tachycardie et douleur musculaire, rien d’insurmontable et d’autres ont vécu les mêmes choses, pas forcément les plus âgés.


Alors que faire pour soi même: conseils d’un psychologue qui n’est pas médecin, chacun son job!

1 garder son calme et sa raison, la peur étant particulièrement toxique pour le psychisme, l’immunité et les groupes sociaux. La plupart des personnes tiennent à la vie mais ne peuvent que constater que “tout ce qui nait doit mourir” (Bouddha Shakyamouni). Alors si l’on doit préserver la vie, on devrait aussi accepter la mort, et donc sa perspective quand on est en vie. Cette crise sanitaire est une occasion de plus de méditer notre impermanence, notre fragilité, ce qui rehausse encore la beauté inhérente de la vie.

2 laisser la mousse médiatique se dissoudre en se tenant dans le présent de la vie où il y a bien d’autres choses que la Covid qui continuent à se manifester. Nous voyons les jours qui raccourcissent, le soleil moins haut dans le ciel, les couleurs des feuilles qui changent…

3 respecter les règles sanitaires comme toutes les autres contraintes sociales sans les fétichiser. Ainsi de même que j’essaie de rouler à 50 dans une interminable ligne droite avec visibilité dans un environnement péri urbain et bien je garde le masque quand je gagne un quartier où la densité de passants est peu élevée (si c’est décrété obligatoire). Je n’ai pas besoin d’adhérer (ou non) à ces règles pour les respecter, car il existe peu de règles qui soient indispensables et indiscutables en tout temps et en tout lieu. 

Je garde l’esprit libre en évitant de me positionner pour ou contre,  ce qui amènerait tout un cortège argumentatif et opposable à l’autre. Si la règle est nettement contre intuitive ou injuste il faut évidemment s’interroger sur le respect à y accorder. Ainsi on nous a dit qu’il ne fallait pas porter de masques, les soignants en ayant seuls besoin en début d’épidémie. J’ai senti cela, et je n’étais pas le seul, comme quelque chose de faux (intentionnellement ou non peu importe).

4 chérir les bonnes choses de ce monde et les aspects positifs de la vie et des êtres. Nous avons la chance en dépit des erreurs faites par les pouvoirs publics, d’avoir des soins et des soignants, la gratuité grâce au travail de tous, l’espoir avec la créativité des chercheurs pour trouver des solutions à ce Covid mais aussi à tant de maladies dont on ne parle plus à ce moment. Penser à la maladie d’Alzeimer qui est si terrible, même si on met beaucoup d’années à en mourir. Alors peut-être que, quand le Covid sera fini, on pourra “mettre le paquet” sur ces maladies et les voir disparaitre comme les grandes épidémies si mortelles de peste, choléra et variole ont disparues au cours des siècles.

5 prendre soin de soi ce qui était valable avant le Covid et le restera après, avec 5 axes importants: 

A une alimentation saine, équilibrée et adapté à l’âge et à son terrain. 

B le mode de vie qui doit être équilibré, régulier et adapté à l’âge et à son terrain.

C l’ esprit doit être préservé des pollutions médiatiques (lire et écouter la radio plutôt que la télé pour les infos), l’entrainer par la méditation ou encore le chant, le yoga, le sublimer par la spiritualité, continuer d’apprendre par exemple avec les MOOC.

D le corps, notre véhicule pour cette vie, est à connaitre, à respecter, en le gardant en bonne forme par les activités corporelles pas seulement avec l’effort mais surtout la pleine conscience dans la pratique. Et aussi découvrir quelques pépites comme le yoga le qi gong, le tai chi chuan, le Pilates…

E les relations tant avec nos proches, qu’avec nos semblables y compris les animaux sont essentielles. Elles nous nourrissent pourvu qu’elles soient fondées sur le respect, la reconnaissance de l’autre et la tolérance. Réguler les émotions perturbatrices est un enjeu important en ce moment où la peur peut générer intolérance, agressivité et repli. Les qualités positives d’entraide qui se sont exprimées pendant le confinement sont hélas passées au second plan des infos. Les médias comme les politiques ont une responsabilité qu’ils n’assument pas trop, c’est dommage mais c’est si difficile. 

Ce président qui avait mis la bienveillance au coeur de son programme, confronté à la dureté de l’exercice du pouvoir semble l’avoir perdue de vue, ne serait ce qu’avec des petites phrases comme celles ciblant ceux opposé à la 5G qui seraient des nostalgiques de la lampe à l’huile. Les Amish qu’il a raillés, par la même occasion, n’ont heureusement ni  la télé, ni la radio ! La convention citoyenne sur le climat avec des citoyens tirés au sort aurait pu servir de modèle pour un vrai débat sur ce que nous avons vraiment besoin et sur ce que cela entraine. Il faut chercher sans relâche ce qui peut nous réunir, avec nos différences,

Octobre 2022

Le Covid est toujours là et…la vie continue. D’autres actualités sont venus relativiser tout cela, les morts sont presque oubliés et les vieux aussi. Les promesses concernant le grand âge et la qualité des EHPAD avec le personnel tardent à être honorées. Comme disait Pasqua les promesses n’engagent que ceux qui y croit! cynique mais malheureusement vrai, voilà comment le populisme gagne toujours du terrain jusqu’à arriver au pouvoir comme en Italie dernièrement.

Je suis bénévole dans le même EHPAD depuis juillet 2021 et mon père y réside depuis Juillet 2020. C’est toujours aussi passionnant. Ainsi j’anime un atelier de “géographie et bien être à la Chinoise”. Nous avons exploré les 6 continents puis nous découvrons un pays à chaque séance au gré de l’actualité, Brésil et élection présidentielle, Arménie et guerre reprenant, Grande Bretagne et difficultés politiques. Je montre aux personnes des mouvements issus de ce que j’ai appris en Qi Gong, en adaptant au mieux aux capacités de chacun. Je suis impressionné par la pulsion de vie de ces personnes dont la moitié est soit dépendante psychiquement soit physiquement et les 3 quarts au delà de 90 ans. 

Je dois régulièrement les freiner pour qu’il ne se fasse pas de mal, ils sont très engagés et font les mouvements à fond, c’est passionnant.

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